jeux et stratégie

Vous l’avez sans doute remarqué, j’aime bien les vieux papiers.
Parfois il suffit de chercher à proximité pour trouver un superbe filon.

Ainsi, à son appel, je me suis rendu chez ma mère qui souhaitait se débarrasser de cartons encombrant sa cave et j’y ai retrouvé pleins de différentes revues … revues de jeux et revues d’échecs forcément, dont j’avais complètement oublié que j’étais l’heureux propriétaire.

Vieilles revues ?
Tout est relatif, car elles datent du début des années 80 au début des années 90.
Cela ne fait que…Bon ok, elles ne sont pas récentes…
Pêle-mêle, j’ai retrouvé toute ma collection de « jeux et stratégie », la collection complète de la défunte « revue des échecs » et un grand nombre de « New-In-Chess » (en anglais forcément).

Quelle surprise de feuilleter « La revue des échecs », et d’y retrouver des photos de personnes bien connues actuellement dans le monde des échecs (Français principalement).
Sans difficulté vous devriez reconnaître la personne se trouvant sur la photo ci-contre !
Dans chaque numéro de « la revue des échecs » se trouvent des dessins de l’excellent Pierre Bretagnolle.

Comme pour le Palamède, dont je vous ai déjà parlé (mais ce n’est pas terminé !), je vous donnerez de temps en temps des extraits de ces revues.

Un petit exercice pour terminer l’article du jour ;
L’image ci-contre est la couverture du « Jeu et Stratégie » N°28 de août / septembre 1984 (c’était une revue bimestrielle, tous les deux mois donc).
Il s’agit d’une petite énigme dont le texte est « il y a un personnage de trop dans cette scène, lequel ? ».
Bien sûr cela a un rapport direct avec le jeu d’échecs. A partir de là vous devriez trouver la réponse !

La solution ! La solution ! La solution !

Je vois d'ici LE lecteur impatient, les yeux embués de larmes d'émotions.
A la demande générale, voici la solution que certains attendent depuis plusieurs jours et qui les empêche de dormir.

Pour faire culturel je vous ai mis un portrait de Charles XII, héros malgré lui de la petite histoire de Sam Loyd.

Diagramme N°1 : 1.Tg7xg3 Ff2xg3 (Si 1….Ff2xe1 alors 2.Tg3-h3+ Fe1-h4 3.g2-g4 #) 2.Ce1-f3 Fg3xh2 3.g2-g4 #

Diagramme N°2 : 1.h2xg3 Ff2-e3 2.Tg7-g4 Fe3-g5 3.Tg4-h4+ Fg5xh4 4.g3-g4 #

Diagramme N°3 : 1.Tg7-b7 Ff2-e3 (Si 1…..Ff2-g1 alors 2.Tb7-b1 Fg1-h2 3.Tb1-e1 Rh5-h4 4.Rf5-g6 Rh4-g4 5.Te1-e4 #) 2.Tb7-b1 Fe3-g5 3.Tb1-h1+ Fg5-h4 4.Th1-h2 !! g3xh2 5.g2-g4 #

Diagramme N°4 : 1.Ce1-f3 Ff2-e1 (Si 1….g3xh2 alors 2.g2-g4#) 2.Cf3xe1 Rh5-h4 3.h2-h3 Rh4-h5 4.Ce1-d3 Rh5-h4 5.Cd3-f4 h6-h5 6.Cf4-g6 #

Magique, ne trouvez-vous pas ?

Encore du Sam Loyd

Le 12 mai dernier je vous ai présenté une petite énigme de Sam Loyd.
Voici une histoire assez connue dont il est également l'auteur.
On ne peut que s'incliner devant autant de talent !


En l’année 1713, le Roi de Suède Charles XII faisait la guerre contre les Turcs. Un homme de grand qualité comme lui, aimait souvent jouer une partie d’Echecs, même lorsque ses soldats combattaient juste en dehors de sa tente. Durant la bataille de Bender, il joua ainsi une partie contre un de ses généraux, et ayant les Blancs il obtint la position suivante :




« Mat en trois coups » dit le Roi ! (1er diagramme)
A vous de trouver le mat en 3 coups comme le Roi !


Mais au moment où il allait jouer son coup, une balle de fusil traversa la tente et brisa en morceaux le cavalier en e1…





Le Général resta de marbre, et le Roi Charles continua d’étudier tranquillement la position « Bien, bien, dit le Roi, alors il y a mat en 4 coups (2ème diagramme, à vous de trouver le mat en 4).





Mais une nouvelle fois, au moment de jouer son coup, une nouvelle balle traversa la tente et brisa le pion en h2 (voir le 3ème diagramme).
De nouveau le Roi resta imperturbable et annonça avec flegme « Mat en cinq coups » (à vous de trouver !).







Le Général, ses nerfs commençant à lâcher, regarda le Roi exécuter le mat. Avec un sourire désabusé il dit : « Quel dommage pour moi, que la première balle n’ait pas touché la tour blanche » (voir le 4ème diagramme).

Après une certaine réflexion, le Roi répondit : « Ce n’est pas grave, ajouta le Roi, alors je vous aurai maté en 6 coups ! » (A vous de trouver le mat en 6 coups !)


Solution dans quelques jours ...

Chi va piano va sano

Oui, aujourd'hui le fameux proverbe Italien comme titre de cet article.
Car le jeu sera moins échevelé que dans les précédentes parties.
D'ailleurs connaissez vous la traduction Desprogienne de ce proverbe Italien ?
"Ne fais pas dans le piano, y'a des waters".

Bon ok, voici la suite de mon étude sur la partie Viennoise avec Fc4.

Aujourd’hui, nous allons avancer et terminer sur la variante avec Fe7 pour les noirs qui arrive après l’ordre de coups 1.e4 e5 2.Cc3 Cf6 3.Fc4 Cxe4 4.Dh5 Cd6 5.Fb3 Fe7 6.Dxe5
Nous avons longuement vu dans les précédents articles ce qui se passait après une tentative d’attaque directe des noirs sur la position du roi blanc ; un échec !

Il nous reste donc à étudier les idées des noirs quand ils essayent de recycler leur cavalier d6 en e8 puis f6. Ou bien encore quand le Cc6 va en a5 pour s’échanger avec le puissant fou en b3. Mais là, point d’attaque échevelée ! Le jeu est plus tranquille !

Histoire d’avancer un peu, je ne rentrerai pas en détail de toutes les possibilités ;
Je vais vous donner quelques jalons.
Donc après 6.Dxe5 00 7.Cf3 Cc6

Dans ma base j’ai également trouvé deux parties avec l'idée 7….c6 puis 8….Ce8
Je vous propose de jouer ici 7.Cf3 c6 8.d4 ! Ce8 9.d5 ! (diagramme) un coup clé pour empêcher les noirs de jouer eux-mêmes d7-d5 9…. Ff6 10.De3 avec une partie agréable. Les noirs ont du mal à se développer. Une suite possible est 10….Fxc3 11.Dxc3 d6 12.Fg5 Dc7 12.00 avec un bon avantage.
J’ai même essayé (blitz ICC encore une fois, de toute façon je ne joue quasiment que là) 10.Dg3 d6 11.00 Fxc3 12.bxc3 Cf6 13.Te1 Cxd5 14.Fa3 Fe6 15.Cg5 Te8 16.Ce4 Ca6 17.Cxd6 etc… 1-0 (diagramme)
Bref cette idée des noirs avec c7-c6 ne semble pas terrible non plus.







Conclusion 7….Cc6 est sans doute le meilleur coup des noirs, à la condition de ne pas jouer ensuite Te8…(voir les articles précédents) Alors 8.Df4 et maintenant si 8….Ce8 9.d4 le cavalier d6 parti, vous devez occuper avant les noirs la case d5. 9….Cf6 10.d5 sinon les noirs jouent eux-mêmes ce coup 10….Ca5 11.0-0 Cxb3 (sinon Fa4 pour les blancs 11….d6 12.Fa4 a6 13.b4 b5 14.bxa5 bxa4 15.Tb1) Une petite pensée pour le fou en b3 12.axb3 d6 13.Te1 (diagramme) Les blancs doivent jouer contre la paire de fous des noirs. Leur objectif est d’empêcher son activation. Par exemple 13….a6 14.b4 Fd7 15.b5 ! a5 16.Fe3 Te8 17.h3 Ff8 18.Fd4 Txe1 19.Txe1 etc… Avec un bon avantage d'espace (diagramme).







Quel autre coup pour les noirs après 8.Df4
Si les noirs jouent comme Jean-Luc Chabanon par 8….b7-b5 alors les blancs doivent essayer 9.a3 pour garder leur fou. Voyez ma partie suivante.



Enfin sur 8….Ca5 immédiatement, je pense qu’il y a plusieurs possibilités. Le plus simple est sans doute 9.d4 pour jouer d5 (voir la partie finale)
Peut-être même que les blancs peuvent jouer 9.Fa4 !? puis b2-b4 pour garder leur fou blanc ?! Par exemple j’ai déjà joué la partie suivante ;



Enfin pour terminer une partie que j’aime bien. Je l’ai joué à Livry Gargan contre un adversaire à un peu plus de 2000 ELO. Ce n’est pas une partie de Karpov, mais elle montre bien les possibilités des blancs face au jeu resserré des noirs.



Et voili voilou. Nous avons vu en détail 1.e4 e5 2.Cc3 Cf6 3.Fc4 Cxe4 4.Dh5 Cd6 5.Fb3 Fe7
Ouf, je m'éponge le front après un tel effort...
Notez que ces analyses sont totalement inédites... Et j'en ai encore pleins d'autres sous le coude !


Enfin, vous vous dites peut-être "Mais il gagne toutes ses parties sur cette variante ? C'est assez dingue !?" A vrai dire, je ne vous montre que ce qui en vaut la peine.
Mon parcours sur cette variante est parsemé d'essais qui ne sont pas reluisants...

Les articles suivants porteront sur la terrible variante jouée pour la première fois entre Frankenstein et Dracula lors d’une rencontre internationale qui se déroula dans les Carpates il y a quelques décennies…

Super tournoi de Sofia M-Tel Masters

Il est vrai que la manager de Topalov, Silvio Danailov, a beaucoup d’imagination pour populariser le jeu d’échecs.
Le tournoi d’échecs de Sofia en Bulgarie, sponsorisé principalement par la société M-Tel Masters (opérateur de téléphonie en Bulgarie), en est un bel exemple.
J’imagine que vous lisez tous les comptes-rendus sur le site d’Europe Echecs ?
Si ce n’est pas le cas, c’est ici http://www.europe-echecs.com/

Les 6 supers GMI participants ont du signer un contrat relativement contraignant par rapport aux habitudes standards des joueurs d’échecs.
Celui-ci les oblige non seulement à faire quelques parties d’échecs sans pouvoir proposer directement la nulle, mais également leur impose un costume (terminé le Jean/Basket), les oblige à participer à la conférence de presse après chaque ronde, et à des activités diverses autour du thème du jeu d’échecs.

Sur le toujours excellent, mais Russophone, Chesspro http://www.chesspro.ru/ , quelques reportages du journaliste Iouri Vassiliev ont attiré mon attention par leur originalité que je souhaite vous faire partager (les photos proviennent de ce site).

Ainsi avant-hier avait lieu la journée de « repos ».
Disons plutôt une journée au cours de laquelle ils n’ont pas joué aux échecs…
Pour se reposer, c’est à voir !
Tout commença la veille au soir, dans un jardin de Sophia par une grande soirée réunissant les joueurs, les spectateurs, les officiels etc…
La cuisine était assurée par un très populaire chef cuisinier bulgare qui n’avait préparé que des plats décorés à la mode échiquéenne !
De nombreuses photos ici http://www.chesspro.ru/_events/2007/sofia6.html

Ensuite arriva le fameux jour de repos au cours duquel se déroula un match de football, à 6 joueurs, entre une équipe Bulgare professionnelle et les 6 GMI.
http://www.chesspro.ru/_events/2007/sofia7.html
Tout le monde était assez pessimiste sur l’issue de ce match pour les joueurs d’échecs.
Mais le Grand Maître Mamedyarov indiqua, avec humour, que si c’était un match aux échecs les joueurs de foot n’auraient eu aucune chance. Tandis que là il espérait bien marquer quelques buts !
Effectivement, ce fut Mamedyarov (Azerbaïdjan) qui semblait le plus sportif et habitué à jouer avec un ballon, suivi de Topalov (Bulgarie).
Quelques mots sur les autres joueurs ;
Kamsky (USA) occupait un poste stable ne nécessitant pas de grands déplacements. Il fut le gardien de but.
Adams (Grande-Bretagne) n’a jamais touché le ballon et semblait en avoir peur. D’ailleurs il fut très vite remplacé par le secondant de Topalov, Ivan Cheparinov 20 ans grand espoir des échecs Bulgare. C’est lui qui a trouvé beaucoup de nouveautés pour Topalov et il est promis à un grand avenir.
Sasikiran (Inde) se débrouilla pas mal et fut l’auteur du premier but pour les joueurs d’échecs !
Pour Nisipeanu (Roumanie), sa plus grande réussite fut l’arrivée sur le stade.

Le score final fut de 6 à 4 pour les footballeurs professionnels, mais tout le monde comprenait que ce score aurait pu être de 60 à 0.
Comme les Russes aiment le dire ; « c’est l’amitié qui a gagné ! ».

Solution de l'enigme

Et voici la solution de l'énigme de Sam Loyd (voir l'article précédent).



La seule case où le roi noir est mat en 3 coups est "h4".
La solution ;
1.d4 Rg4 2.e4 Rh4 3.g3 mat

Ou bien

1.d4 Rh5 2.Dd3 Rg4 3.Dh3 mat


Du grand art !

Samuel Loyd le magnifique !

Cet après midi, comme tous les samedis, j'ai donné des cours d'échecs à des enfants (au club de Saint-Mandé dans le Val-de-Marne à côté de Paris).
Leur niveau va de 1100 à 1500 ELO, pour un âge de 8 à 12 ans.
En plus de ce qui est traditionnel dans des cours d'échecs (exercices tactiques, étude des ouvertures, milieu de jeu, finales élémentaires, petit tournoi interne, etc...), je leur donne régulièrement une énigme à résoudre.
Ils se mettent en petits groupes de 2 à 4 enfants en général et je limite leur temps de réflexion à 20 minutes (pour une séance de deux heures).
La plupart du temps l'énigme ne tient pas plus de deux ou trois séances.
J'admets que s'ils ont du mal à trouver je leur donne des indices.
Cela leur fait découvrir le jeu d'échecs sous une forme insolite et ils adorent !

Aujourd'hui je vous soumets une enigme du très grand Samuel Loyd (photo; 1841 - 1911), dont je vous ai déjà parlé. Vous trouverez sur wikipedia un petit article le concernant ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Sam_Loyd

Pour le moment les enfants n'ont pas trouvé. Et vous ?


Sur quelle case devez-vous placer le roi noir sur cet échiquier, de telle sorte que les blancs le matent en trois coups (d'une façon forcée bien sûr) ?
Solution dans quelques jours !

Karpov à Sochi

Actuellement un évènement important pour les échecs a lieu à Dagomys en Russie, juste à côté de la cité balnéaire de Sochi. En effet jusqu’au 12 mai a lieu le championnat d’échecs de Russie par équipe.
Les plus forts joueurs russophones se trouvent là-bas ; Morozevitch, Tkachiev, Karjakin etc…
L’incontournable site Chessbase a mis en ligne un compte rendu à cette adresse http://www.chessbase.com/newsdetail.asp?newsid=3837 dommage pour vous si vous ne lisez pas l’anglais. Bizarrement les sites d’échecs d’actualités francophones n’en parlent pas.

Une curiosité de ce championnat est la présence de deux ennemis héréditaires au sein de la même équipe de Tcheliabinsk ; Karpov et Kortchnoï, les deux légendes des échecs de la fin des années 70.

L’excellent site Russe Chesspro donne une entrevue avec Karpov à cette adresse http://www.chesspro.ru/_events/2007/komand3.html
Karpov aborde quelques points intéressants que nous souhaitons faire partager avec les personnes ne lisant pas le Russe !

Au sujet de Kortchnoï : Le journaliste lui demande si cela pose un problème d’être dans la même équipe que Kortchnoï ? Karpov répond que Victor Lvovitch Kortchnoï est une personnalité très complexe. Mais les échecs donnent un exemple positif dans notre monde violent où même les pires ennemis peuvent se réunir et jouer dans la même équipe.
La presse n’a pas trop prêté attention à ce point que Karpov trouve très important ; pouvoir réunir des gens très opposés avec un même objectif sportif !

Au sujet des échecs chez les enfants : Karpov a une fille de 7 ans, Sonya. Elle sait jouer aux échecs. Même si suivant son prestigieux père elle ne deviendra pas une très forte joueuse, le fait même de savoir jouer aux échecs est très enrichissant pour l’éducation d’un enfant.
A ce propos, Karpov félicite la région de Khanty-Mansiysk en Sibérie (là où auront lieu les olympiades du jeu d’échecs en 2010) d’avoir introduit le jeu d’échecs au programme scolaire.
Suivant Karpov, ce n’est pas par hasard que le jeu d’échecs se développe dans les écoles dans le monde entier. J’aime la phrase de Karpov : « les échecs ne peuvent faire que du bien ! ».
Actuellement le jeu d’échecs est officiellement au programme scolaire de plus de 10 pays. En France, un premier pas a été fait avec la signature au début du mois de mars 2007 d’une convention entre la FFE et le ministère de l’éducation.
Le texte est consultable à cette adresse http://www.echecs.asso.fr/(3l3fbez44xt3aaucmaa3wybo)/Ag/ConventionEN_FFE.pdf
Les progrès en France sont à suivre !

Au sujet de la ville de Sochi (candidate à l’organisation des jeux olympiques d’hiver en 2014) ;
Karpov indique que ce n’est pas la première fois qu’il vient dans cette ville très agréable.
Il se souvient qu’il y vint en 1962 avec ses parents. A l’époque il avait un niveau de 1ère catégorie (Karpov avait 11 ans) et il aimait se rendre au parc « Riviera » où se trouvait le fameux pavillon du jeu d’échecs (dont je vous ai parlé dans un article du 11 mars 2007 sur ce blog http://64cases.blogspot.com/2007/03/les-checs-la-mer.html ).
J’ai été triste d’apprendre, en lisant cette entrevue de Karpov, que ce lieu de rendez-vous estival de plusieurs générations de joueurs d’échecs avait été démoli.

A la question « Considérez-vous que vous êtes toujours un joueur d’échecs ou un homme public ? » Karpov répond que même si effectivement il fait beaucoup de choses en dehors des échecs (Karpov est membre de plusieurs associations caritatives, c’est également un homme d’affaire) c’est grâce aux échecs qu’il a appris à bien gérer son temps et qu’il reste toujours un joueur d’échecs ! Comme preuve Karpov cite les prochains tournois auxquels il va participer.

A mon avis, Karpov donne l’image de quelqu’un de « bien ».
Ceci n’est d’ailleurs pas évident après les matchs très tendus qu’il a joué contre les fortes personnalités que sont Kortchnoï et Kasparov.
Personnalités qui ont tout fait pour salir sa réputation…
En 2005, lors du championnat de France féminin à Chartres, j’ai eu l’occasion de parler avec Anatoly Karpov. Disons que c’est même plutôt lui qui m’a fait le grand honneur de venir discuter de la partie que j'avais terminé. Très simplement il m’a suggéré quelques améliorations, et m’a souhaité bonne chance pour la suite de ce championnat.

Quel punch !

Nous y revoilà ! C’est la suite de mes articles sur la partie Viennoise.
Allons directement à l’essentiel ;
1.e4 e5 2.Cc3 Cf6 3.Fc4 Cxe4 4.Dh5 Cd6 5.Fb3 Fe7 6.Dxe5 00 7.Cf3 Ff6 8.Df4 Te8 9.Rf1 (diagramme 1)
Le 20 avril dernier je vous ai parlé du coup g7-g6 qui ne semble pas terrible.
Le 26 avril, ce fut au tour du coup 9….De7 (avec une sournoise menace de mat). Mais cela semble également insuffisant pour les noirs.




Et enfin pour l’article d’aujourd’hui 9….Cc6.
L’idée des noirs est probablement de jouer Ca5 pour échanger le dragon en b3. A mon avis, il existe deux coups possibles pour les blancs 10.h4 et 10.Cd5
Les deux coups mènent à un avantage pour les blancs.
Je ne vais parler que de 10.h4 qui semble plus dynamique !
Accrochez-vous car c’est très tactique. Prenez du temps à répéter les coups, cela en vaut la peine !

Donc 10.h4 ! (diagramme 2) Cette variante avec h4 fut le thème d’un véritable match thématique que j’ai joué au début de l’année contre le pseudo « Sanpaletre » toujours sur ICC. Et oui, encore et toujours sur ce site. Bref, contre ce joueur j’ai pu tester toutes mes analyses sur 9….Cc6 et les améliorer ensuite. L’idée de ce coup h4 vous est familière depuis mes précédents articles :
a) donner de l’air au roi blanc
b) possibilité de sortie de la tour en h3 pour attaquer le roque
c) poussée du pion en h5 voir h6 pour affaiblir le roque noir.
d) Poussée g2-g4 puis g4-g5 avec le soutien du pion en h4.
Bref les blancs ont du mordant !

10….Ca5 pas vraiment une surprise car ce coup est un standard de cette variante.
Mon adversaire me joua également 10….Ce7 mais après 11.h5 pour empêcher Cg6 11….Cef5 12.d3 puis tôt ou tard g2-g4. Les pièces noires sont embouteillées.
La suite de l’article est un condensé de mes analyses sur l’attaque sur le roque noir.
Il n’y a pas beaucoup de considérations stratégiques. Bref il faut calculer.

11.Fd5 ! (diagramme 3) De7
Si 11….c6 12.Dxd6 et les blancs vont gagner un pion.











Ou bien encore 11….h6 12.d3 Cc6 curieux 13.g4 Fxc3 14.bxc3 Ce7 15.Fb3 Cg6 16.Dg3 a5 17.a4 Df6 18.Fd2 b6 19.g5 (diagramme 4) avec une très forte initiative.










12.d3 ! (diagramme 5) un carrefour important. La partie va prendre une tournure tactique sauvage ! Les noirs ont deux options a) 12….c6 ou b) 12…..Fxc3







a) 12….c6 et maintenant il va où le fou ? Et bien il ne bouge pas !
13. Fd2 ! cxd5 14.Te1 Df8 15.Cxd5 attaquant le cavalier en a5 (diagramme 6)












15….Txe1 16.Fxe1 Cc6 17.Cxf6+ gxf6 18.Th3 (diagramme 7) Les blancs vont attaquer le roi noir avec toutes leurs pièces (Fc3, Tg3) et malgré le cavalier de moins ils doivent gagner.






Une variation possible au lieu de 15…..Txe1 est 15….Cc6 16.Cxf6+ gxf6 17.Th3 Te6 18.Tg3 Rh8 19.Cg5 !! et les blancs gagnent. Vérifiez avec Fritz. Une belle variante est 19….De7 20.Txe6 fxe6 21.Dxd6 Dxd6 22.Cf7 mat (diagramme 8) !











b) 12….Fxc3 13.bxc3 De2 si 13….c6 14.Fa3 ! cxd5 15.Te1 etc… 14.Rg1 Dxc2 15.Cg5 ! (diagramme 9) l’attaque blanche est décisive 15….Tf8









L’alternative est 15….Te1 16.Rh2 Txh1 17.Rxh1 Dd1 18.Rh2 Dh5 19.Fa3 ! h6 20.Fxd6 ! hxg5 21.De5 (diagramme 10) Dxh4 22.Rg1 cxd6 23.De8 Rh7 24.Fxf7 g4 25.De4 Rh8 26.Fg6 Dd8 27.Te1 Dg8 28.De7 avec le mat à suivre (Dh4 – Te8) (voir la Partie III)



Ou bien encore 15….Te7 16.Fa3 Dxc3 17.Fxd6 Dxa1 si 17….cxd6 18.d4 ! 18.Rh2 Df6 19.Dxf6 gxf6 et maintenant le triomphe de l’avantage de développement 20.Fxe7 fxg5 21.hxg5 ! c6 22.Fe4 d5 23.Fxh7 !! incroyable (diagramme 11) 23….Rxh7 24.Rg3 Rg6 25.Th6 Rf5 26.f4 et mat à suivre (voir la Partie II).

16.Th3 Dxc3 17.Cxf7 ! Cxf7 18.Te3 h6 19.Fxf7+ Rh8 20.Fg6! Dc5 21.Te8 Txe8 22.Fb2!! (diagramme 12 - voir la Partie I) la pointe finale. La menace Dxh6 ou Df7 sur Rg8 est décisive.



Conclusion ; l’idée des noirs avec Ff6 et Te8 semble insuffisante, laisse aux blancs une forte initiative et d’excellentes perspectives (jusqu’à preuve du contraire !). Le cavalier en d6 est un véritable boulet.

Tcheliabinsk

Voici la suite de mes aventures en URSS ! Le dernier article date du 25 mars dernier.

Anthracite, la ville où je résidais avait comme capitale régionale Lougansk.
Dans cette citée se trouvait et se trouve encore une école d’échecs importante avec des Grands Maîtres comme Gennadi Kuzmin (entraîneur à l’époque de Maia Tchibourdanidze, alors championne du Monde), Alexandre Schneider (vainqueur de G.Kasparov à la fin des années 90), Vladimir Gurevitch etc…
De par mes résultats, je devins membre de l’équipe junior régionale et fis alors la connaissance de nombreuses personnes de l’école de Lougansk qui devinrent mes amies.
Une précision importante ; la classification que nous connaissons en France « poussin », « pupille », « benjamin » etc… n’existait pas en URSS.
Les joueurs étaient soit « juniors » soit « seniors » un point c’est tout !
Cela signifiait donc que dans une compétition pour les enfants, une joueuse de 10 ans pouvait se retrouver face à une autre de 18 ans…
Les catégories actuelles semblent quand même plus adaptées !

Ainsi en août 1986, je pris la première place du championnat d’Ukraine des jeunes filles à égalité de points avec Angelina Belakovskaia (qui est maintenant citoyenne américaine).
Ce bon résultat me qualifiait pour le championnat d’URSS junior pour les filles.

Les dix dernières éditions de ce championnat avaient eu lieu dans des villes agréables le plus souvent au bord de la mer noire comme Sochi etc…
Manque de chance pour moi, la fédération Soviétique des échecs organisa ce championnat en janvier 1987 à Tcheliabinsk dans l’Oural, où la température du mois de janvier est proche des -40.
Cette perspective m’inquiétait un peu, car je n’aime pas le froid !
Le Grand Maître Sviechnikov est natif de cette ville. D’ailleurs en français, une variante de la Sicilienne porte le nom de ce joueur, alors qu’en Russe, cette même variante porte le nom de sa ville d’origine. 1.e4 c5 2.Cf3 Cc6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 e5 (diagramme)



Svetlana Kovalevskaia (photo), un des entraîneurs du club de Lougansk, fut chargée de m’accompagner. J’ai ainsi développé une très grande amitié avec cette joueuse (qui devint plus tard la femme du Grand Maître Igor Glek, qui joue actuellement dans le TOP 16 pour le club de Vandeuvre). Ma relation avec Svetlana marqua beaucoup mon adolescence ;

Je garde quelques souvenirs de mon premier championnat junior d’URSS à Tcheliabinsk, où à l’entrée de la ville se trouve un poteau insolite qui indique la frontière entre l’Europe et L’Asie. Le plus étonnant concerne l’entraîneur d’Odessa, cette ville sur les bords de la Mer Noire qui a la réputation d’être une ville de blagueurs ! Cet homme fut à la hauteur de cette réputation !
Ainsi, durant le tournoi, il arriva avec les deux oreilles complètement bandées.
Il nous expliqua alors qu’il avait eu les deux oreilles coincées par la porte de l’ascenseur à son hôtel. Cela nous fit beaucoup rire.
Mais en fin de compte, le pauvre homme avait eu les oreilles gelées à cause du froid…gelé, comme mon résultat !

L’édition suivante, en 1988, revint vers un climat plus doux, en Ukraine, on peut supposer que la fédération avait retenue la leçon ! Ce qui me permit de me classer parmi les dix premières (sur environ 70 participantes)… A suivre

Fin de la marinade

Alors ? Avez-vous trouvé la solution du mat en trois coups que je proposais le 1er mai ?
Pouvez-vous dire "je fais aussi bien" que Steinitz ? que Morphy ? qu'Alekhine ?
De mon côté, je l'avoue, je n'ai pas trouvé le mat en trois coups ... comme Fritz me direz-vous !



Voici donc la solution tant attendue ;


Problème de Dietrich Wasmann (1817 - 1880). Les blancs jouent et font mat en trois coups.
1) Dd1 !! Un coup tranquille, la clé du problème.

Maintenant il existe plusieurs suites possibles ;
Prise du cavalier 1) ... bxa3 2) Dxa4 Re6 3) Dd7 mat
Fuite de Varennes en c6 1) ... Rc6 2) Dg4 Rb7 3) Dc8 mat
Fuite en e6 1) ... Re6 2) Dxa4 Rf7 3) Df8 mat


Je trouve ce mat en trois coups superbe.

Un peu de publicité

Ce matin en ouvrant ma boîte à lettres j'y ai découvert Europe Echecs. Puis à ma grand surprise j'ai constaté qu'il était question de notre blog !

Un sacré coup de pub. Même si notre objectif (en avons-nous un d'ailleurs ? Si ce n'est de vous faire partager notre passion ?) n'est pas de faire un maximum de visites, cela fait plaisir !

Merci donc à Gérard Demuydt et à Europe Echecs !

Pour le moment je vous laisse mariner avec l'exercice de l'article précédent...

Un problème historique

Il existe plusieurs sites sur l'histoire du jeu d'échecs.
Celui que je préfère est sans aucun doute celui d'Edward Winter.
Si vous êtes anglophone et que vous souhaitez en connaître plus sur Alekhine, Capablanca etc... alors précipitez-vous sur sa chronique à cette adresse http://www.chesshistory.com/winter/index.html c'est une véritable mine d'or !

Edward Winter a également écrit plusieurs livres sur le sujet, et en particulier "A CHESS OMNIBUS" d'où j'ai tiré la position qui sert de thème à mon article d'aujourd'hui.

Cette position, ce problème plutôt, est un mat en trois coups sur lequel des grands noms des échecs se sont mesurés.
Voici ce qu'en dit le livre d'Edward Winter ;

Problème de Dietrich Wasmann (1817 - 1880). Les blancs jouent et font mat en trois coups.

Paul Morphy (1837 - 1884, génie des échecs du 19ème siècle) mit près d’une heure à le résoudre.

W.Steinitz (1836 - 1900, 1er champion du Monde officiel du jeu d’échecs) pensa que la position était incorrecte après une demi heure de réflexion.

Sam Loyd (ci-contre en photo, 1841 - 1911, génie de la composition aux échecs et sur lequel il y a beaucoup à dire) pensa également que la position était erronée quand on lui présenta.

En 1945, Alekhine (1892 - 1946, génie des échecs des années 1930) mis quelques secondes à résoudre ce problème. Et s’étonna que Morphy ait mis autant de temps à en trouver la clé.

Fritz (le 8 car je n'ai pas essayé avec Fritz 10), logiciel pour PC qui coûte quelques dizaines d'euros se trompe (la honte), et indique mat en 4 coups. Un bon espoir pour l’espèce humaine !

Et vous ?