mercredi 14 février 2007

Une école du jeu d'échecs en URSS

Le document ci-contre représente la première page du carnet obligatoire pour tous les joueurs d’échecs de l’URSS à partir de la première catégorie. A vrai dire ce document officiel ne concernait pas uniquement les joueurs d’échecs mais tous les sportifs de l’Union Soviétique.
Qu’y trouve t’on ?
La présentation du sportif (ici une fillette d’une dizaine d’années !), une page médicale (avec au minimum une visite médicale annuelle) et surtout un relevé des résultats sportifs et des normes réalisées.
Car même dans les années 80, il n’existait pas de classement ELO en URSS.
Les joueurs s’évaluaient par un système de catégories, avec dans l’ordre la 4ème, la 3ème (Il existait une certaine logique !), la 2ème, la 1ère, puis candidat maître, maître de l’URSS.
Au-delà se trouvaient les titres Internationaux décernés par la FIDE ; MI pour Maître International et GMI pour Grand Maître International.
Pour passer d’une catégorie à celle supérieure il fallait obtenir 3 normes, un peu comme actuellement pour obtenir les titres de la FIDE.
En ce qui me concerne, j’obtenais le niveau de première catégorie à 10 ans, puis de candidat Maître (environ 2200 ELO) à 14 ans.


Comment se déroulait l’enseignement du jeu d’échecs ?
En URSS, en plus de l’école « standard » (avec des cours de mathématiques, de Russe etc…) il existait des écoles sportives, des écoles de musique etc… Toutes les activités extrascolaires, au sens que l’on donne en Français à ce terme, se déroulaient au sein « d’écoles ». Ce que nous appelons en France des centres de loisirs, des conservatoires, des associations, des MJC, des clubs etc…En Union Soviétique, une seule dénomination : « école ».
De cette appellation vient peut-être l’illusion occidentale que les échecs étaient intégrés dans toutes les écoles et que chaque écolier apprenait à jouer aux échecs. Et bien non.

Ainsi après la classe traditionnelle, je me rendais dans l’école d’échecs.
Depuis l'âge de 7 ans j’habitais dans une petite ville de la steppe Ukrainienne qui répond au nom évocateur d’Anthracite. Il n’est pas trop compliqué de deviner qu’elle était alors la principale activité de la cité ! J’expliquerai plus tard comment ma famille était arrivée là.
Mes horaires dans « l’école » d’échecs étaient les suivants (avec des séances de 2 heures) :
Lundi : 15h00, mercredi : 15h00, jeudi : 15h00 et dimanche : 10h00. Bref, environ 8h00 par semaine.

L’entraîneur pour les premières catégories était Alexandre Alexandrovitch Kononenko dont j’ai parlé dans l’article du 3 février dernier. A vrai dire il ne m’a pas beaucoup marqué.
Par exemple en reprenant un de mes cahiers de l’époque, j’ai vu que nous avions travaillé, pendant plusieurs séances, sur la finale Roi + 2 fous contre Roi + cavalier (sans pion). Un matériel restreint à 5 bouts de bois, que l’Oracle des tables de Nalimov permet actuellement de jouer parfaitement.
Je mets au défi un entraîneur d’intéresser ses jeunes élèves avec un cours pareil pendant plusieurs heures.
Un autre exemple ? Les photocopieuses n’existant pas ou très peu, nous avions régulièrement des séances théoriques sur les ouvertures qui consistaient à recopier des pages et des pages de l’encyclopédie dans nos cahiers…
En Russe une expression indique que « la quantité finit toujours par engendrer la qualité ».
Ainsi je suppose que ces heures de travail passées avec Alexandre Alexandrovitch ont été en fin de compte productives, puisque j’obtenais à 14 ans le titre de candidat Maître.
A suivre…
 
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